La Maison Rouard et les arts de la table en début du XXe siècle


A partir de la fin du XIXe siècle les artisans de la céramique et du verre regagnaient une organisation et une visibilité qu’ils avaient perdues en 1791 (avec la promulgation de la loi Le Chapelier), mais c’est surtout au tournant du siècle et dans les décennies qui suivaient où les acteurs de ce métier retrouvaient les moyens pour mieux s’organiser et acquéraient le droit d’exposer leurs œuvres au sein d’expositions consacrées aux beaux arts. 

Une figure, mais pas la seule, contribuait à ce nouvel essor : il s’appelait Georges Rouard (1874-1929). Né à Chartres de parents cultivateurs, il sort diplômé de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC) en 1895 et entre immédiatement dans les affaires.

En 1900, à l’âge de 26 ans, il prend la direction de la Maison de Céramique « A la Paix » au 34, avenue de l’Opéra, à Paris et en 1914, avant d’être mobilisé, il crée le groupe des Artisans Français Contemporains qui exposaient leurs œuvres une fois par an au sein de la Galerie Rouard (nom utilisé à partir des années 20). Cette galerie survivra à la mort de Géo Rouard et restera ouvert jusqu’en 1966. En 1954, Rouard devient l’un des 15 premiers membres du célèbre Comité Colbert, créé à l’initiative de Jean-Jacques Guerlain.

Cette maison d’art moderne réunissait des artistes-décorateurs, des verriers, des amateurs d’art, des collectionneurs, autour d’un amour pour des objets d’art et les arts de la table. Ce lieu artistique sera témoin de bon nombre de collaborations et de lancements de carrière comme celui de René Lalique qui y exposait ses œuvres avant d’ouvrir sa propre boutique, Place Vendôme.

Parmi les produits proposés à ses clients de goût, on trouvait des services en porcelaine dessinés par les artistes de la Maison Rouard et exécutés par des maisons de porcelaine telles Haviland et Bernardaud, entre autres.

A l’occasion de sa nomination à la Légion d’Honneur, en 1923, Georges Rouard prononçait ces mots que nous trouvons révélateurs de son esthétique et des principes qui guidaient son travail, ainsi que d’une vision des arts décoratifs au moment du célèbre exposition de 1925 :

« A la veille de l'Exposition Internationale des Arts décoratifs et Industriels Modernes de 1925, nous avons le devoir de ne pas nous lancer à l'aveuglette dans l'inconnu et de tacher de sentir nettement le but qu'il s'agit d'atteindre. Tous les glorieux styles passés de notre France, dans lesquels nous puisons pour inspirer nos travaux conservent une fonction économique qu'il serait fou de nier, mais il faut que nous ayons le courage de ne pas nous en tenir là ... Notre organisation, notre tempérament, notre goût, nous empêche de produire en énorme quantité à très bas prix. Portons nos efforts sur l'objet inédit, bien fabriqué ayant un caractère personnel. (...) Sachons nous entourer des conseils artistes spécialisés, produisons moins de modèles mais que chacun d'eux montre une recherche nouvelle, une forme parfaitement adaptée à son usage, un décor réellement créé pour cette forme. Ne nous enlisons pas dans les vieilles traditions, dans la routine du métier. Cela demandera à chacun de nous un effort, des risques, entraînera des déboires, des moments de découragement, mais quelle récompense… »

La Maison Rouard participait à la création de nouveaux modèles en même temps qu’elle rééditait des créations historiques (Rouen, Nevers, Marseille, Sèvres, Chantilly…). 

À titre d’exemple, un bel exemple d’un service réédité est celui qui reprend le motif “à la brindille” de la porcelaine de Chantilly du XVIIIe siècle tout en employant une forme résolument moderne, avec un mouvement qui se déploie du haut en bas. En effet, les contours et les surfaces ne sont pas les mêmes mais le motif est bel et bien une reproduction de ce modèle ancien.

Deux variations du modèle « à la brindille » existaient au XVIIIe siècle comme vous pouvez le remarquer ici :

Vendues par Artcurial, le 5 décembre 2017. Vu sur artcurial.com.

 

La Maison Rouard a réédité l’une de ces variations que vous pouvez admirer à côté d’un modèle du XVIIIe siècle :

Vendues par Adjug’art, le 6 juillet 2020. Vu sur invaluable.com.

Une assiette à dessert disponible dans notre boutique.

 

Il est intéressant à noter que la maison Bernardaud, de son côté, a reproduit la deuxième variation. Ce modèle se trouve toujours aujourd’hui assez facilement, au contraire des services signés Rouard et Bernardaud. C’est pourquoi nous avons décidé de proposer un tel service dans notre boutique en ligne, où nous proposons un service à thé pour six personnes ainsi que des paires de tasses à thé, de soucoupes et d’assiettes à dessert.

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